Le temps scolaire à Savigny sur Orge: le choix de ne rien faire.

La réforme des rythmes scolaires, dont la mise en œuvre a commencé en 2013, poursuit plusieurs objectifs. Le premier, et sans doute le plus important, était de mettre fin à l’expérience désastreuse de la mise en place de la semaine de 4 jours dans l’éducation nationale, instaurée par Xavier Darcos sous le gouvernement Fillon. Faut-il rappeler dans quelles conditions  s’était instaurée cette semaine de 4 jours en 2008, sans aucune concertation et annoncée par un simple décret ? Faut-il rappeler l’opposition du monde  éducatif unanime à cette réforme, des organisations de parents d’élèves aux enseignants,  en passant par les spécialistes de la chronobiologie ? Faut-il rappeler la glissade constatée de 2008 à 2012 dans le classement de la France dans les études PISA mesurant l’efficience des systèmes éducatifs de 65 pays ? Il y avait donc d’abord urgence, dès 2012, à corriger les effets d’une réforme précédente incontestablement néfaste pour les résultats scolaires des enfants.

Certes la réforme instaurée par Vincent Peillon  est perfectible. En revenant à la semaine de 4,5 jours et en favorisant fortement l’adoption du mercredi matin au lieu du samedi matin, les nouvelles dispositions n’ont pas satisfait tout le monde, et ne permettent pas le retour d’un moment de rencontre potentiel entre parents et enseignants, si nécessaire pour favoriser la réussite scolaire.

En confortant le rôle déjà effectif des collectivités locales dans l’éducation, le législateur n’a pas assez consolidé le financement des missions confiées aux communes, prenant le risque de creuser des disparités éducatives territoriales, et de fragiliser les finances de ces mêmes communes, dans une période ou leur équilibre budgétaire est déjà précaire.

Mais si la réforme Peillon n’est pas exempte de défauts, elle apporte tout de même une amélioration évidente dans deux domaines :

-          Celui du temps scolaire tout d’abord, en redonnant au temps de la semaine un peu d’oxygène, la question du temps de l’année scolaire (la France est le pays dont l’année scolaire est la plus courte) devant à terme  compléter la réforme.

-          Celui du rôle des collectivités territoriales dans notre appareil éducatif, qui est enfin reconnu pour ce qu’il est déjà de fait depuis de nombreuses années. Les communes jouent un rôle indirect mais crucial  dans l’éducation en gérant les bibliothèques, les équipements sportifs, en finançant le tissu associatif local, en organisant l’offre périscolaire locale, et même en pilotant les opérations liées à la parentalité. Il ne s’agit donc pas de porter atteinte au caractère national de l’éducation mais de permettre une meilleure articulation entre les dispositifs locaux et nationaux, que nos enfants fréquentent successivement dans la semaine et qui, tous ensembles, construisent l’éducation.

Dans la commune de Savigny sur Orge, la nouvelle majorité municipale  a choisi de suivre docilement les directives venues de l’UMP et propose de ne pas mettre en application le nouveau dispositif des rythmes scolaires à la rentrée de 2014.  Cette proposition, en l’état, est irresponsable pour trois raisons :

Tout d’abord parce que les communes n’ont pas le pouvoir de ne pas appliquer une réforme votée au niveau national. Elles ne peuvent qu’organiser, ou pas,  le temps désormais disponible dans la semaine pour réaliser une activité périscolaire pérenne et accessible à tous. Si
Savigny ne propose rien en termes d’activités périscolaire, et ne propose pas non plus de de projet éducatif territorial, la réforme sera appliquée tout de même, et les élèves comme les parents seront simplement livrés à eux-mêmes durant les   périodes de la semaine dédiées au péri scolaire. Ce n’est donc en aucun cas respecter l’égalité entre les territoires que de priver les saviniens du concours de la commune pour le temps péri scolaire, pendant que dans de très nombreuses communes, de gauche comme de droite, ce même temps périscolaire sera utilisé et valorisé, au profit des enfants.

Ensuite parce que c’est une occasion manquée de dynamiser des structures parmi les seules qui fonctionnent bien à Savigny sur Orge : L’accueil  sportif, le Conservatoire, et   l’Ecole d’arts plastiques sont un réservoir de personnels  ressources dont beaucoup pourraient augmenter leur nombre d’heures d’animation et d’enseignement, et créer ainsi un lien fort entre le temps de l’éducation nationale et le temps du périscolaire. Une complémentarité pourrait ainsi s’installer, de même qu’une collaboration et une harmonisation des contenus qui ne pourrait que porter leurs  fruits  dans l’objectif global de réussite des jeunes saviniens. Au final , le temps périscolaire pourrait devenir pour chaque élève savinien une porte d’entrée vers des activités sportives, artistique et culturelles qu’il n’aurait pas eu l’idée de pratiquer autrement.

Enfin parce que le temps scolaire a besoin d’être réorganisé.  La nocivité de la semaine de 4 jours n’est malheureusement plus à démontrer. Refuser d’appliquer la réforme actuelle sans rien  proposer à la place, c’est accepter de constater la dégradation de notre performance éducative sans rien proposer en échange, et se satisfaire de son déclin. Il serait malhonnête de prétendre prendre cette décision au nom de l’intérêt des enfants, et tout aussi malhonnête de le faire au nom de l’égalité entre les territoires. Les enfants d’Etampes, de Courcouronne, d’Evry, de Palaiseau bénéficieront d’activités périscolaires en concertation avec les enseignants de l’ Education nationale, pendant que les enfants de Savigny et leurs parents seront, eux, privés de toute activité périscolaire.

 

Il faut donc se rendre à l’évidence:  l’orientation proposée par la nouvelle majorité dans la commune de Savigny n’est faite ni dans l’intérêt des enfants, ni dans celui des parents, ni même dans celui des enseignants et des personnels d’animation et d’enseignement péri éducatif. Il n’est motivé que par une volonté: celle de, surtout, attendre et ne rien faire.

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