Intervention au Conseil Municipal contre un vœu contre les migrants déposé par le front national

Le 17 novembre 2016, un voeu déposé par le front national a été examiné, et rejeté massivement, par le Conseil Municipal de Savigny sur Orge.  Voici letexte de mon intervention:

Plantons tout de suite le décor : les considérants proposés dans ce vœu apparaissent comme  une suite d’affirmations péremptoires qui ne sont fondés sur rien, et procèdent par amalgame dans le seul but de stigmatiser les populations réfugiées.


Le terme de migrant tout d’abord, volontairement vague, utilisé pour désigner des populations qui n’ont rien de commun : les réfugiés de guerre,  économique ou climatique, les communautés présentes sur notre sol et de nationalité française.
L’affirmation du coût financier de l’accueil des migrants n’ a  lui non plus aucun fondement.  Toutes les statistiques sérieuses  démontrent que les populations migrantes  représentent à terme un gain et non un coût pour les nations qui les accueillent. Nous en avons encore eu un exemple en Suède récemment. A l’échelle des communes, le coût de l’accueil est marginal et adossé à des financements d’Etat.
Les derniers événements tragiques survenus en France montrent que ce ne sont pas les « corridors migratoires » qui ont fourni l’essentiel des terroristes, mais des réseaux implantés dans des cités laissées à l’abandon depuis trop longtemps.  Assimiler le terrorisme à la migration, c’est mentir volontairement  à la population.
L’ Ile de France n’est pas directement concernée par le sujet. Dès lors, pourquoi proposer ce vœu à Savigny sur Orge, et s’opposer à un plan d’accueil qui ne concerne pas la commune, si ce n’est dans un but de stigmatisation ?L’intention  à peine masquée derrière ce vœu est donc transparente : poursuivre une entreprise de désinformation,  désigner des coupables faciles et tout trouvés à une population fragilisée par la crise économique, et aggraver la crise de société que nous traversons pour mieux se poser en soit disant recours pour  la résoudre.
Disons-le tout net : ceux qui sont capables de proposer un tel vœu avec de tels arguments sont bien plus dangereux que les populations réfugiées, pour la nation comme pour la commune, car ils ne connaissent et ne comprennent ni l’une, ni l’autre.  La France  a toujours été un carrefour de civilisations. Elle s’est construite et nourrie à partir de toutes les influences qui l’ont traversée, au travers de nombreux épisodes migratoires. La langue française en témoigne largement, et les ambitions universalistes, tant affirmées sous la révolution, viennent justement de cette conjonction de cultures différentes.  Notre identité même, c’est cette mosaïque d’influences des peuples qui se sont mêlés pour former la France tel qu’elle est, et dont nous sommes fiers.
Il n’est pas question ici de nier les difficultés et les tensions que nous traversons,  personne autour de cette table n’est naïf sur le sujet. Mais la négation de nos valeurs et de notre histoire, le repli sur soi prôné comme une solution miracle, ne sont pas un remède mais un poison.La Commune de Savigny a connu elle aussi plusieurs épisodes migratoires, avec l’arrivée de populations italiennes, puis espagnoles, portugaises, d’Afrique du nord à l’issue de la décolonisation, et bien d’autres encore. Qui songe aujourd’hui à remettre en cause l’apport humain, économique, culturel de ces populations qui sont venues  enrichir la commune, qui sont aujourd’hui la commune ?
Il va de soi que nous ne voterons pas ce vœu, mais au-delà de cette position, je voudrais inviter solennellement les membres du Conseil qui l’ont déposée à réfléchir par elles-mêmes, et à ne pas suivre aveuglément les consignes venues de leur formation politique qui  les entrainent dans une logique de haine de l’autre dont rien de bon ne pourra jamais sortir.

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